Tel que constaté dans la précédente interview, on assiste à une augmentation constante de la demande globale de lithium – un métal particulièrement recherché dans la fabrication des batteries rechargeables Li-ion. L’origine d’un tel succès ? Le meilleur ratio entre leur poids et leur puissance parmi les technologies du rechargeable (puissance maximale pour un poids minimal). « Elles offrent une énergie spécifique (énergie/masse) plus importante que les chimies historiques utilisées dans les batteries rechargeables (Plomb, Nickel-cadmium, nickel-hydrure métallique) » précise Denis Foy, directeur de SARP Industrie.
La filière du lithium
Les principaux acteurs et fabricants des batteries ou cellules Li-ion sont des géants Asiatiques et Américains, alors que 70 % à 80 % des ressources globales en lithium se trouvent en Bolivie, Argentine et au Chili. On imagine alors le long parcours du lithium ! Par ailleurs, son extraction consomme beaucoup d’eau et pourrait, si elle n’est pas correctement maîtrisée, engendrer des risques pour la biodiversité locale. Enfin, les composants d’une batterie au Lithium-Ion peuvent se révéler nocifs pour l’environnement si ils ne sont pas récupérés et correctement traités.
Donner une seconde vie à ce lithium grâce à son recyclage est donc un enjeu majeur pour offrir une solution viable de ce type de nouvelles technologies dans la préservation environnementale et humaine. En France, quelques entreprises se sont lancées dans la récupération des batteries Li-ion pour notamment en extraire le lithium. Parmi elles, la société Euro/Dieuze (filiale de SARP Industrie, appartenant au groupe VEOLIA) grâce à un processus hydro-métallurgique (mise en solution chimique des métaux préalablement broyés avant séparation). Denis Foy, directeur de SARP Industrie mise sur la revalorisation de ce métal à terme. Selon lui, c’est un enjeu d’avenir et pas uniquement écologique.
Un marché potentiel pour l’Union Européenne
« L’Union européenne est le deuxième marché dans le monde (derrière la Chine) à utiliser les véhicules électriques. Cela signifie que si nous gérons bien la fin de vie de ces objets, nous serons capables de disposer d’une ressource de matière première pouvant être utilisée dans la production de nouveaux objets. Et nous permettre ainsi de rééquilibrer la répartition des matières premières sur les territoires au niveau mondial.» explique-t-il. Un défi à la hauteur des ambitions de l’Union européenne puisqu’en octobre dernier, la Commission Européenne réunissait un certain nombre de patrons d’entreprises Européennes du secteur (constructeurs et énergéticiens) dans l’idée de créer un « Airbus de la batterie ».
La recherche d’un processus de recyclage adéquat, le défi scientifique
Pour le moment, le recyclage du lithium peine à décoller pour plusieurs raisons : « des taux de collecte des batteries contenant du lithium encore faibles (10 % des volumes existants), des prix bas et volatiles du lithium sur les marchés et des coûts élevés du recyclage, comparés à ceux de la production primaire » énumère Denis Foy.
Aujourd’hui, les scientifiques cherchent encore à développer des processus de recyclage moins onéreux.