PILESTREET : quand l’art urbain porte les messages du recyclage

Rencontre avec les artistes Clément Laurentin et Jerk 45 du collectif 9e concept

La Semaine Européenne du Recyclage des Piles (SERP) a lieu du 3 au 9 septembre prochain. A cette occasion, Screlec-Batribox et Corepile organisent un grand événement de Street Art sur la thématique « rien ne se perd, tout se transforme ». Jerk 45 et Clément Laurentin, deux artistes de Street Art de renom et membres du collectif d’artistes 9è Concept, vont se relayer quai de Valmy dans le 10e arrondissement de Paris pour créer une œuvre originale et éphémère sur une pile géante haute de 4 mètres. L’enjeu est simple : rappeler au grand public l’utilité de recycler ses piles et petites batteries usagées. Rencontre avec les deux artistes.

 

 

Le 4 septembre, Clément Laurentin se lancera seul sur la fresque jusqu’au 7, avant de laisser la place à Jerk 45 jusqu’au 9 septembre. Pouvez-vous expliquer les raisons de cette organisation ? Quel message/symbole allez-vous véhiculer ?

Clément : Le premier jour, on viendra tous les deux pour dessiner une base commune et s’accorder sur une structure graphique et rythmique. L’idée est de voir ensemble quelle histoire on va raconter. Mais la trame principale, c’est de représenter l’utilisation de masse de la pile (par les enfants, les personnes connectées, dans la maison, etc.) puis leur transformation par le recyclage. D’où cette organisation en deux temps et le passage de Jerk 45 en seconde partie qui se focalisera sur des collages par-dessus mon travail.
Jerk45 : On commencera sûrement par coller des pubs de piles remontant aux années 50 pour être didactique tout en créant un aspect publicitaire avant d’affiner peu à peu pour un effet artistique. Une personne arrivant sur le site doit d’abord penser qu’il s’agit d’une publicité puis y voir une œuvre artistique.

Quelle est techniquement la performance que vous comptez chacun réaliser sur cette pile ? Savez-vous déjà ce que vous allez y peindre ?

Jerk45 : Le support sera particulier car il s’agit d’une bâche. Clément utilisera principalement de la peinture acrylique. Pour ma part, j’utiliserai plutôt peinture et collage. J’ai collecté plein de pubs et d’affiches des 60 dernières années sur les piles donc il y a de quoi faire ! Je compte aussi me servir de piles et de la peinture pour représenter des animaux hybrides qui se recyclent eux-mêmes.
Clément : Les seules orientations que nous avons reçues des éco-organismes c’est une liste de mots tels qu’énergie, facilité, batterie, etc. à symboliser comme nous le souhaitons. Nous improviserons en fonction. Mais ce qui est nouveau pour nous c’est le format cylindrique cumulé aux grandes dimensions du support. Cela signifie trouver un équilibre harmonieux alors qu’il y aura des parties cachées. Il faut donc des représentations efficaces et visibles à bonne distance.

Qu’est-ce qui vous a motivé à participer au projet ? Dans quelles mesures êtes-vous engagés en tant qu’artistes pour le développement durable ?

Jerk45 : On est plusieurs dans le collectif 9ème Concept à utiliser le recyclage. De mon côté, je recycle les magazines et affiches de cinéma par exemple. D’autres ont récupéré des plastiques sur la plage pour en faire des animaux ou réutilisent les matériaux des précédentes sculptures pour en faire des nouvelles.
Clément : Simplement en se baladant dans les rues de Montreuil, on trouve des tas de matériaux intéressants à réutiliser. Des bouts de bois qui ont déjà un peu vécu offrent une base de départ très riche par exemple. On peut aussi trouver son bonheur dans les recycleries. On arrive à un stade où la surconsommation de masse est telle que le recyclage est l’unique solution pour la compenser. C’est important de le rappeler durant cette semaine européenne dédiée aux piles.

Dans quelle mesure pensez-vous que le Street Art est un moyen efficace d’inciter les citoyens à recycler, en particulier leurs piles ?

Clément : Dans le Street Art, il y a déjà l’idée de recycler la ville. À défaut de remplacer les barres d’immeubles, on peut les embellir, rendre les quartiers plus attrayants pour les riverains.
Jerk45 : Le Street Art a le vent en poupe et plaît beaucoup au grand public, même la police s’arrête aujourd’hui pour regarder ! C’est accessible à tous et un très bon moyen d’attirer l’attention. Une fresque sur une pile géante peut tout de suite accaparer l’attention des riverains. Et l’utilisation graphique très suggérée, surtout le collage, sera encore plus évocateur.

Avez-vous d’autres idées de projets artistiques qui pourraient – à votre sens – contribuer à cette sensibilisation ?

Clément : Il y a quelques années, je suis parti à la chasse aux déchets plastiques sur une plage de l’Atlantique et à partir de ces derniers, j’ai façonné une tête humaine. L’idée, c’était que l’homme crée le plastique, le jette, les poissons l’ingèrent, puis on mange les poissons, donc du plastique. C’est une boucle absurde dont tout l’écosystème est victime. C’est une piste que j’aimerais continuer à explorer.

Quels sont de votre côté vos projets artistiques pour l’année à venir ?

Jerk45 : On participe à l’une des œuvres de l’exposition « légendes urbaines » à Bordeaux. C’est un système de création collective – dénommée « les Francs-Colleurs » – où les artistes ont travaillé ensemble autour d’une forme graphique commune qui se décline en stickers. Et grâce à une application, il est possible de les voir se mouvoir au rythme d’une musique propre à chaque sticker. Sinon, on continue de monter des concepts interactifs pour intéresser et faire participer des personnes qui n’ont pas nécessairement la fibre artistique.
Clément : Une exposition solo à la galerie Art&Craft à Paris en juin 2019, donc surtout du travail en atelier à venir, sinon différents projets en graphisme, pochettes de disques…

 

Rendez-vous du 4 au 9 septembre Quai de Valmy (angle de la rue Poulmarch) pour découvrir leur œuvre !

 

 

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