Protocoles de sécurité dans le tri et la collecte des piles

Bien qu'elles fassent partie intégrante de notre quotidien, les piles et batteries ne sont pas totalement dénuées de risques. Dès lors qu'elles sont stockées de façon inappropriée, elles peuvent provoquer des fuites de substances toxiques (mercure, lithium, cadmium…), des explosions, des incendies et polluer la terre, l'air ou l'eau. Il existe ainsi des risques sanitaires et environnementaux qui doivent être pris en compte. Quels sont les protocoles de sécurité dans le tri et la collecte des piles usagées ?
Tri des piles à domicile : les précautions essentielles
Identifier et séparer les différents types de piles et de batteries
Les risques diffèrent selon le type de batterie. Ainsi, les piles zinc air présentent un risque faible et leur stockage ne nécessite pas de précautions spécifiques. Les piles alcalines, NiMH et à l'oxyde d'argent génèrent, quant à elles, un risque modéré. Lors du stockage, il est cependant conseillé d'isoler les bornes pour éviter les courts-circuits. Les batteries au plomb étanche et NiCd nécessitent, pour leur part, une manipulation prudente. Le risque est, en effet, marqué en raison des substances toxiques qu'elles contiennent. Pour finir, les batteries Li-ion et lithium primaire présentent un risque élevé. Des réactions dangereuses peuvent se produire en cas de choc, de gonflement ou de court-circuit. Elles sont à rapporter rapidement en point de collecte.
Pour connaître le type d'une pile, il suffit de regarder la 1re lettre du code IEC (International Electrotechnical Commission) indiquée sur la pile :
- L’absence de lettre indique une pile saline ;
- L, une pile alcaline ;
- F, une pile au lithium ;
- P, une pile zinc-air ;
- S, une pile à l'oxyde d'argent ;
- H, une batterie Ni MH ;
- K, une batterie NiCd.
Stocker les piles en toute sécurité à domicile
Le stockage des piles usagées se fait toujours dans des contenants adaptés (bocal en verre, boîte en plastique), placés dans un lieu ventilé et éloigné des sources de chaleur et d'humidité. Le contact avec des objets métalliques ou des piles neuves est à éviter.
Le port de gants est recommandé pour la manipulation des piles qui coulent ou cristallisent. Les mains sont systématiquement lavées après avoir touché des batteries usagées.
Lorsqu'une pile est gonflée, il ne faut en aucun cas chercher à la percer. Les connectiques doivent être isolées avec du ruban adhésif, puis elle est placée dans un sac hermétique. Elle est ensuite rapidement déposée dans un point de collecte.
À domicile, le stockage doit se faire dans un endroit hors de portée des enfants, avec une vigilance particulière vis-à-vis des piles boutons. Leur ingestion peut, en effet, causer de graves lésions.
La sécurité sur les points de collecte
65 000 points de collecte sont mis à disposition du public en France, dont 32 200 sont gérés par Batribox. Les piles qui y sont récupérées prennent ensuite la destination de centres de regroupements régionaux, puis de centres de tri. Le stockage des piles répond à une réglementation stricte. Afin de prévenir les risques d'incendie, tout en facilitant l'intervention des services de secours, trois arrêtés ont été publiés en 2023. Ils stipulent, entre autres, que les batteries Li-ion sont des produits combustibles. Ainsi, leur stockage est soumis à la réglementation des installations classées pour l'environnement (ICPE) dès 5 000 m3. Dès lors, les contenants doivent disposer d'un système d'identification du caractère de danger : l'étiquette Classe 9a est bien visible sur les fûts.
Des précautions techniques particulières sont prises pour sécuriser le stockage. Ce dernier est toujours réalisé dans des fûts certifiés UN, entreposés sur un sol dur. Lorsqu'un établissement de collecte stocke plus de 10 % de piles au lithium, une procédure de conditionnement spécifique est appliquée. Chaque pile ou batterie au lithium est sécurisée individuellement afin d'éviter les risques d'incendie et de court-circuit. Ses pôles sont isolés avec du ruban adhésif. Dans les conteneurs de stockage, de la vermiculite est déposée afin d'isoler chaque batterie et éviter ainsi la propagation en cas d'échauffement de l'une d'entre elles. Les batteries endommagées sont, quant à elles, placées individuellement dans des sacs plastiques avec de la vermiculite. Les batteries souples, très fragiles, sont conditionnées dans des sachets zippés ou des petits cartons pour prévenir tout dommage.
Un extincteur adapté aux feux de lithium, éventuellement un extincteur à poudre, est placé à proximité des fûts pour intervenir rapidement en cas de besoin. Les équipes sont formées aux procédures de sécurité.
La sécurisation du transport des piles et des batteries
Considérées comme des déchets dangereux, les piles et les batteries collectées sont soumises à une réglementation spécifique lors de leur transport (ADR) :
- Les bacs de transport sont fermés ;
- Les fûts sont cerclés et disposés sur des palettes solides ;
- L’étiquetage comporte le code UN et l'étiquette de classe 9a.
Le véhicule qui transporte ces déchets est homologué pour l'ADR et son chauffeur est formé. Un bordereau de suivi des déchets (BSD) est indispensable pour assurer la traçabilité. Le BSD correspond au formulaire CERFA n° 12571*01. La signature du BSD transfère la responsabilité de la livraison du transporteur vers l'organisme qui l'accueille.
Malgré toutes les précautions mises en place, le risque de départ de feu reste une problématique majeure dans le tri et la collecte des piles, en particulier celles au lithium. Ces batteries peuvent s'endommager lors du stockage ou du transport, entraînant des incidents aux conséquences parfois destructrices. Les réactions chimiques internes peuvent provoquer une surchauffe, un dégagement de gaz, voire une combustion spontanée. Pour mieux comprendre ces enjeux et adopter les meilleures pratiques de prévention, nous vous invitons à visionner notre webinaire "Risques et incendies", organisé avec la participation du SDIS (Service Départemental d'Incendie et de Secours).